Méfies toi, lorsque tu commence à te cacher derrière un bureau pour être sans être avec tes enfants,
Méfies toi lorsque vient le temps où tu commence la journée par un gros joint,
Méfies toi, lorsque l’alcool devient anxiolytiques et non vecteur de lien social
Méfies toi, lorsque tu tentes de construire milles projets complexes et ambitieux, que tu en oublis la simplicité de chanter et le temps que demande de s’entraîner a la guitare. Lorsque tu n’as plus le temps de carresser un chat ou de parler aux chèvres, aux poules et aux arbres, méfies toi, c’est que tu deviens aussi fou que ce monde.
Lorsque le goût des choses simples disparaît, méfies toi.
Lorsque tu perdra ton argent a le jeter dans ces projets,
Lorsque tu perdras les gens a vouloir les jeter avec toi. A la toute fin, c’est seulement des lambeaux de toi que tu ramassera
Méfies toi de ceux qui loue cela sans voir que ces projets te tueront.
Méfies toi des louanges a trouvé intelligence et grandeur dans tes actes insensés,
Méfies toi de toi, lorsqu’au printemps venant tu oubliera ce qui te permet de “vivre bien dans une vie mauvaise”. Rappelles toi toute l’humilité dont tu dois faire preuve dans le courage que tu as. Rappelles toi que tu chuteras encore et qu’il convient de s’y préparer. Rappelle toi que de cigales tu dois le réserver en priorité a tes enfants car aujourd’hui ils n’ont que toi comme parent. Et tout le reste n’est que vanité et ego mal placé.
Méfies toi ! Méfiasse !
Lorsque tu prends le temps d’être de tout ton être, peu de chose, aucun projet, ne compte et ne tiens. L’essentiel est devant soi et attends qu’on vienne le cueillir. Lorsque tu acceptes de ne plus être, lorsque tu entérine ta mort sociale, paradoxalement ou pas, tu te sens plus libre et tu iras moins t’echouer lamentablement sur les rivages acerbes de quelques reconnaissances du monde que ce soit. Lorsque plus rien ne compte, seul compte alors l’essentiel.
Méfies toi lorsque tu n’es plus capable de voir en toi l’oiseau malade et blessé et méfies toi lorsque tu n’es plus capable de voir en toi la force et le courage. Dans ce desert de larmes, il est normal d’être triste, dans cet ocean d’incertitudes, il est normal d’être anxieux. Méfies toi que ces deux poisons fassent seulement leur office nécessaire, et n’aillent pas, a forte dose, te tuer.
Méfies toi du monde, de tout ces insensés qui sont légions et te feront miroiter et croire a tes plus beaux rêves empoisonneurs, méfies toi lorsque tu fraie avec le monde a ce que ce monde ne t’engloutisse pas. Une société mortifère, violente psychiquement, faites d’incertitudes et d’injustices, d’isolement social et d’un individualisme déformé et égoïste. N’oublies pas les poisons qui sont communs et ceux qui te sont propres. Et méfies toi encore et encore. Anticipes et appréhende, en restant a l’essentiel. C’est peu de choses que tu es, oublié, sur le côté, et tu es pourtant essentiel à au moins 3 personnes sur terre. Ce n’est pas rien.
J’avais prévu que je mourrais jeune, et finalement je vieillis prématurément. Je parie aujourd’hui que je mourrais fou.